07 juillet 1905 : Moutoux, Jura - 28 janvier 1982 : Dijon, Côte-d’Or
Emile-Louis Lambert est issu d'une famille d'agriculteurs, il poursuit des études agricoles et juridiques, avant d'intégrer les rangs de la toute récente Mutualité sociale agricole, dont il devient le directeur départemental pour le Doubs.
Viscéralement hostile à l'idéologie nationale-socialiste, Emile-Louis Lambert choisit, dès les premières heures de l'occupation, de rejoindre les rangs de la Résistance ; son action lui vaut d'être arrêté, puis déporté.
A son retour en France, Emile-Louis Lambert fonde et préside l'Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus, qu'il anime avec le bâtonnier Paul Arrighi, le révérend-père Michel Riquet et Irène de Lipkowski.
Emile-Louis Lambert se présente à la tête de la liste du MRP dans le Doubs lors des élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale Constituante.
Emile-Louis Lambert approuve le nouveau projet de Constitution voté par l'Assemblée nationale le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre. Il sollicite le renouvellement de son mandat lors des élections législatives du 10 novembre. Le MRP maintient ses positions, Emile-Louis Lambert, qui conduit la liste, est ainsi réélu.
Il retrouve la Commission des pensions, et siège à la Commission de la défense nationale ; cette dernière le désigne d'ailleurs pour faire partie de la sous commission chargée de suivre et de contrôler de façon permanente l'emploi des crédits affectés à la défense nationale. Emile-Louis Lambert est en outre nommé de nouveau juré à la Haute cour de justice.
Parlementaire très actif, Emile-Louis Lambert rédige, au cours de la législature, plusieurs dizaines de rapports, et intervient à de nombreuses reprises à la tribune de l'Assemblée. Il est l'un des députés les plus impliqués dans la discussion des textes de loi visant à établir le statut définitif des déportés et internés de la Résistance ; « sans sous-estimer, même si peu que ce soit, tout l'intérêt que présente le cas des malheureuses victimes éprouvées d'une manière quelconque par la barbarie nazie, il est, toujours, incontestable que, dans la hiérarchie des urgences, les martyrs de la Résistance doivent occuper la première place », souligne-t-il dans un rapport déposé le 5 février 1948. Emile-Louis Lambert propose une clarification des statuts :
le titre de déporté résistant serait acquis à toute personne ayant été transférée, en raisons d'actes de résistance à l'ennemi, dans un camp de concentration allemand, dans des territoires sous contrôle des puissances de l'Axe, ou dans certains camps d'Alsace et de Lorraine ;
le titre d'interné résistant, à toute personne ayant subi une détention minimum de trois mois, pour actes de résistance à l'ennemi, « sous réserve qu'aucune action contraire à l'esprit de la résistance ne puisse leur être imputé, soit avant, soit après l'arrestation ».
Aux déportés résistants et internés résistants, mais aussi, sous certaines réserves, aux prisonniers de guerre et aux travailleurs du service du travail obligatoire, Emile-Louis Lambert propose, dans un rapport déposé le 11 mars 1948, de réserver une série d'avantages sociaux et financiers (versement d'un « pécule », aux victimes ou à leurs ayant-droit s'ils sont décédés, attribution d'une « médaille de la déportation et de l'internement »,...).
Le député du Doubs intervient en outre à deux reprises à la tribune de l'Assemblée, les 10 février et 29 mars 1949, pour déplorer « l’hostilité de l'administration à l'égard des revendications essentielles formulées par les déportés et les internés de la Résistance, et pour presser le gouvernement de mettre en place un plan de financement destiné à compenser les pertes de toute nature subies par les déportés et internés de la Résistance, et à indemniser le travail effectué par ceux-ci pour le compte des particuliers et des institutions publiques et privées de l'Etat allemand ».
Attentif à ce que les jeunes générations n'ignorent pas les horreurs de la guerre et de la déportation, Emile-Louis Lambert dépose aussi, le 14 décembre 1949, un rapport sur une proposition de résolution déposée par son collègue du Doubs, le député Jean Minjoz, visant à sauvegarder les vestiges des camps de concentration nazis, « afin d'honorer leurs martyrs et de flétrir la barbarie hitlérienne ».
De nouveau candidat à la tête de la liste du MRP lors des élections législatives du 17 juin 1951, Emile-Louis Lambert n'est cette fois pas réélu.
Il rejoint alors la fonction publique, en qualité de directeur régional de la protection civile.
Il fait valoir ses droits à la retraite en 1970.
Emile-Louis Lambert décède le 28 janvier 1982 à Dijon.
Grand-Officier de la Légion d'honneur.
Source : site internet de l'Assemblée nationale
Gérard Bocquery UNADIF octobre 2014