L'INFO n° 669

La photo du « fusillé souriant » a 70 ans.

Un homme debout sourit en plein soleil, face au peloton d’exécution qui le met en joue. Cette saisissante et dérangeante image a été prise en octobre 1944, à une date qui n’a pu être précisée davantage, devant le Fort blanc, dans les fossés du Château de Belfort.

L’homme était un sapeur-pompier belfortain et un résistant, Georges Blind. Mais ce jour-là, il n’est pas tombé sous les balles nazies. Ses bourreaux avaient imaginé un terrible simulacre d’exécution, espérant, en vain, le faire craquer pour qu’il livre ses camarades de réseau. Georges Blind est finalement mort en déportation trois mois plus tard dans un camp de concentration près d’Auschwitz.

« Cette photographie est un symbole universel de résistance » a rappelé Christophe Grudler, durant la matinée du dimanche 26 octobre, au cours d’une cérémonie destinée à fêter les 70 ans de la photo du fusillé souriant, sur les lieux même de la prise de vue. Auparavant, l’élu à qui on doit, en tant qu’historien, toutes les recherches et un livre autour de ce document, a cité un long extrait d’un poème d’Aragon intitulé « Ballade de celui qui chanta sous les supplices ».

Il a aussi évoqué le souvenir du fils de Georges Blind, Jean, lui aussi résistant et déporté en 1944 à 18 ans : « Jean Blind était avec nous ici même il y a 10 ans pour marquer le souvenir de son père, trop tôt disparu et dont il était si fier ».

Plusieurs membres de la famille de Georges Blind assistaient à la cérémonie : Yvette Blind, sa belle-fille ; Pascal et Alain Noviot, ses petits-fils ; Cédric et Aurélien Noviot, ses arrière-petits-fils.

Le drapeau des sapeurs-pompiers

L’accent a été particulièrement mis sur l’appartenance du disparu au corps des sapeurs-pompiers, avec la présence du directeur des services départementaux d’incendie et de secours, le lieutenant-colonel Stéphane Helleu. De plus, pour l’occasion, le drapeau du corps des sapeurs-pompiers était exceptionnellement de sortie. « C’est le seul en France qui soit décoré de la médaille de la Résistance française. Le seul aussi qui porte l’inscription « Honneur et dévouement » et non « Courage et dévouement ». Il porte aussi l’insigne Rhin et Danube de la 1ère Armée française du maréchal de Lattre » précise Patrice Pruniaux, ex-adjudant-chef, spécialisé dans l’histoire des sapeurs-pompiers.

Enfin, trois jeunes sapeurs pompiers volontaires ont reçu les portraits du caporal infirmier Georges Blind et de deux autres sapeurs-pompiers résistants du corps de Belfort, le caporal Aloïs Martin et le lieutenant Henri Deshaie.

Invité à la cérémonie, Pierre Bellemare qui a inclus le « fusillé souriant » dans son ouvrage à paraître en novembre  « les 44 photos qui ont bouleversé le monde » s’est finalement décommandé samedi.

Christophe Grudler espère maintenant qu’une plaque commémorative sera installée dans les fossés du Château. Il va solliciter la municipalité en ce sens.

Source : Didier Planadevall Est Républicain.fr – Lundi 27 octobre 2014.