Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : UNADIF MEDIAS
  • : Pour être informé de l'actualité UNADIF-FNDIR, de l'actualité des UNADIF départementales. Pour être informé de l'actualité mémorielle, évènements, cérémonies, expositions, conférences, livres, films, pages d'Histoire ...
  • Contact

  

 

 

 

a2

 

  sur le BLOG MEDIAS

de l'Union Nationale

des Associations de Déportés,

Internés et Familles de Disparus

logo unadifndir grd taille 

et de la Fédération Nationale

des Déportés et Internés

de la Résistance

  

UNADIF - FNDIR

 Triangle rouge

compteur

 

 

__

 

Ici Londres ! Les français parlent aux français !

 

__

 

 

UNADIF est aussi sur

logo-facebook-circulaire.png

Derniers Articles Publies

  • CONVOI DU 2O AVRIL 1943 COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
    L'INFO n° 1 462 2O avril 1943 - 2O avril 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 81 ANS ! CONVOI DU 2O AVRIL 1943 COMPIEGNE - MAUTHAUSEN Transport parti de Compiègne le 2O avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 22 avril 1943 Effectif recensé : 997 hommes Matricules...
  • CONVOI DU 16 AVRIL 1943 COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
    L'INFO n° 1 461 16 avril 1943 - 16 avril 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 81 ANS ! CONVOI DU 16 AVRIL 1943 COMPIEGNE - MAUTHAUSEN Transport parti de Compiègne le 16 avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943 Effectif recensé : 994 hommes Matricules...
  • CONVOI du 6 AVRIL 1944 COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
    L'INFO n° 1 460 6 avril 1944 - 6 avril 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 8O ANS ! CONVOI du 6 avril 1944. COMPIEGNE – MAUTHAUSEN Transport parti de Compiègne le 6 avril 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 8 avril 1944. Effectif recensé : 1 489 hommes Matricules extrêmes...
  • CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE - RAVENSBRÜCK
    L'INFO n° 1 459 31 janvier 1944 - 31 janvier 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 8O ANS ! CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE – RAVENSBRÜCK Transport parti de Compiègne le 31 janvier 1944 et arrivé au KL Ravensbrück le 3 février 1944 Effectif recensé : 959 femmes...
  • CONVOI DU 27 JANVIER 1944 COMPIEGNE – BUCHENWALD
    L'INFO n° 1 458 27 janvier 1944 - 27 janvier 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 8O ANS ! Transport parti de Compiègne le 27 janvier 1944 et arrivé au KL Buchenwald le 29 janvier 1944 Effectif recensé : 1 583 hommes Matricules extrêmes : 43 470 – 45 048 Situations...
  • CONVOI DU 24 JANVIER 1943 COMPIEGNE – SACHSENHAUSEN - AUSCHWITZ
    L'INFO n° 1 457 24 janvier 1943 - 24 janvier 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 81 ANS ! Le transport parti de Compiègne le 24 janvier 1943, arrivé au KL Sachsenhausen le 25 janvier 1943 (1 466 hommes) et arrivé au KL Auschwitz le 27 janvier 1943 (230 femmes). Les...
  • CONVOI DU 22 JANVIER 1944 COMPIEGNE-BUCHENWALD
    L'INFO n° 1 456 22 janvier 1944 - 22 janvier 2O24 IL Y A TOUT JUSTE 8O ANS ! Transport parti de Compiègne le 22 janvier 1944 et arrivé au KL Buchenwald le 24 janvier 1944 Effectif recensé : 2 005 hommes Matricules extrêmes : 41 480 – 43 469 Situations...
  • Très bonnes vacances !
    L'INFO n° 1 455 Le temps est arrivé de vous souhaiter à toutes et tous, chers(res) amis(ies), de TRES BELLES ET BONNES VACANCES ! Nous nous retrouverons à la rentrée pour la reprise des lettres d'information Vous pouvez, durant ces congés, continuer de...
  • CONVOI DU 15 JUILLET 1944 COMPIEGNE - NEUENGAMME
    L'INFO n° 1 454 15 juillet 1944 - 15 juillet 2O23 IL Y A TOUT JUSTE 79 ANS ! Transport parti le 15 juillet 1944 de Compiègne et arrivé le 18 juillet 1944 au KL Neuengamme Effectif recensé : 1 202 hommes Matricules extrêmes : 36 206 – 37 700 Situations...
  • CONVOI DU 2 JUILLET 1944 COMPIEGNE - DACHAU
    L'INFO n° 1 453 2 juillet 1944 - 2 juillet 2O23 IL Y A TOUT JUSTE 79 ANS ! le convoi du 2 juillet 1944, convoi qui a pris le nom de "Train de la Mort" Transport parti le 2 juillet 1944 de Compiègne et arrivé le 5 juillet 1944 au KL Dachau Effectif recensé...

S'abonner à notre revue

- Vous souhaitez vous abonner à notre revue trimestrielle "Le Déporté pour la Liberté"

- Vous souhaitez acquérir nos livres, notre CD ou autre

Liste et bon de commande

http://www.unadif.fr/histoire-et-temoignages/les-publications

Commander nos ouvrages

26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 04:00

 

L'INFO n° 1 462

 

 

 
 
 

2O avril 1943    -    2O avril 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  81  ANS  !

 

 

CONVOI DU 2O AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN

 

 

Transport parti de Compiègne le 2O avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 22 avril 1943
 
 
Effectif recensé : 997 hommes
 
 
Matricules extrêmes : 27 732 – 28 718
 
 
 
Situations :
 
 
Evadés durant le transport : 1 (O,1 %)
 
 
Décédés et disparus en déportation : 422 (42,3%)
 
 
Rentrés de déportation : 517 (51,9%)
 
 
Situations non connues : 58 (5,8%)
 
 
 
 
Ce transport quitte Compiègne le 2O avril, quatre jours après celui du 16 dont il est complémentaire à de nombreux points de vue.
 
Il s’inscrit dans une période au cours de laquelle, en trois semaines, près de 4 OOO personnes sont déportées.
 
Il est le résultat, d’une part d’une augmentation de la répression par les autorités allemandes, et d’autre part d’un besoin de main-d’oeuvre pour l’économie du Reich et les projets de la SS, dans le cadre de l’opération Meerschaum ou « Ecume de mer ».
 
 
Comme pour le transport précédent, la majorité des arrestations de ces déportés a lieu au cours des premiers mois de l’année 1943, soit peu de temps avant le départ en déportation.
 
Un grand nombre de ces personnes sont arrêtées au cours de rafles organisées par les autorités allemandes, visant principalement les personnes étant en situation irrégulière comme les réfractaires au travail obligatoire ou les prisonniers de guerre évadés.
 
 
A Nancy, la Feldgendarmerie arrête, par exemple, entre les 1er et 5 avril, jours des conseils de révision, toutes les personnes réfractaires au STO.
 
D’autres arrestations ont lieu du 7 au 9 mars à Bar-le-Duc et à Ligny-en-Barrois dans la Meuse, et le 12 mars 1943 à la gare de l’Est à Paris, à la suite de manifestations anti-allemandes au moment du départ de requis du STO.
 
 
Mais les Allemands effectuent également des rafles de représailles : l’on retrouve ainsi dans ce transport des personnes arrêtées le 1er mars 1943 à Villeurbanne, et dont le nom commence par les lettres M à Z, tous ceux des lettres A à L étant partis dans le transport précédent.
 
Enfin, plusieurs membres d’organisations de Résistance sont également déportés dans ce transport, comme par exemple ceux du réseau Turma - Vengeance, arrêtés notamment le 9 mars à Bourges et le 11 mars à Coulommiers en Seine-et-Marne.
 
D’autres sont arrêtés dans les Pyrénées en voulant franchir la frontière espagnole pour rejoindre les Forces Françaises Libres.
 
Le trajet dure deux jours et le transport arrive le 22 avril 1943.
 
 
Au cours de celui-ci, 1O évasions au moins ont lieu dans la forêt de la Warndt près de Sarrebruck.
 
Mais, repris le lendemain, les évadés sont internés à Metz et envoyés à la prison de Sarrebruck le 28 avril 1943 : 7 d’entre eux arrivent le 22 mai au KL Mauthausen et sont immatriculés dans la série des « 29 9OO » ; les 3 autres arrivent le 18 juin au KL Mauthausen et sont immatriculés dans la série des « 31 8OO ».
 
 
La très grande majorité des déportés de ce transport reste dans le complexe du KL Mauthausen et est directement envoyée au travail dans ses Kommandos extérieurs pour servir de main-d’oeuvre à différents projets.
 
En effet, plus de 25O personnes sont envoyées dans celui de Loibl Pass, avec leurs camarades du transport précédent, afin de réaliser un tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie.
 
Près de 9% ne rentrent pas.
 
51 déportés sont également transférés vers le Kommando de Schlier, situé à Redl-Zipf en Autriche, et 75% d’entre eux ne reviennent pas de déportation.
 
« Schlier » est le nom de code secret du site, ouvert en octobre 1943, où se trouve implantée une usine secrète de fabrication de carburant pour les fusées V2, ainsi qu’un centre d’essai capable de tester la performance de chaque réacteur.
 
Les autres principaux lieux de transfert après le KL Mauthausen, sont les Kommandos d’Ebensee, Wiener Neudorf, Linz III et Gusen.
 
Au moins 54 personnes sont emmenées au château d’Hartheim pour y être gazées.
 
On note que près de 8% des membres du transport décèdent au camp central sans connaître, semble-t-il, un autre lieu de déportation.
 
Enfin, ils sont un peu plus de 5% à être transférés vers les KL d’Auschwitz, Dachau, Buchenwald ou Sachsenhausen.
 
 
Thomas Fontaine, Manuel Maris
 
 
 
Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 194O-1945. Fondation pour la mémoire de la déportation. copyright 2OO4 - Editions Tirésias.
 
 
Gérard BOCQUERY
Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR
Président départemental de l'UNADIF - FNDIR de l'Oise
[ ADIF de l’OISE ]
CONVOI DU 2O AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
CONVOI DU 2O AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
CONVOI DU 2O AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
Partager cet article
Repost0
18 avril 2024 4 18 /04 /avril /2024 04:00

L'INFO n° 1 461

 

 

 
 

16 avril 1943    -    16 avril 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  81  ANS  !

 

 

CONVOI DU 16 AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN

 

 

Transport parti de Compiègne le 16 avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943

 

 

Effectif recensé : 994 hommes

 

Matricules extrêmes : 26 173 – 27 163

 

 

 

Situations :

 

Evadés durant le transport : 1 (0,1%)

 

Décédés et disparus en déportation : 437 (44%)

 

Rentrés de déportation : 482 (48,5%)

 

Situations non connues : 74 (7,4%)

 

 

 

 

Ce transport est le second organisé de Compiègne en 1943 après celui parti le 24 janvier vers les KL Sachsenhausen et Auschwitz.

 

Il débute une période au cours de laquelle, en trois semaines, près de 4 000 personnes sont déportées. Il est le résultat, d’une part, d’une aggravation de la répression par les autorités allemandes, et d’autre part, dans le cadre de l’opération Meerschaum ou « Ecume de mer », d’un besoin de main-d’oeuvre pour l’économie du Reich et les projets de la SS.

 

La majorité des arrestations des personnes de ce transport a lieu au cours des premiers mois de l’année 1943, c’est-à-dire peu de temps avant leur déportation. Beaucoup sont liées aux rafles entreprises par les Allemands.

En effet, la police allemande cherche par exemple à appréhender toutes les personnes se trouvant en situation irrégulière comme les personnes réfractaires au travail ou les prisonniers de guerre évadés. Plusieurs rafles de grande ampleur sont alors organisées, notamment celle du 25 février à Tours où la Feldgendarmerie, principalement, arrête entre 150 et 200 personnes sur la place Jean Jaurès et dans différents cafés de la ville. Toutes sont conduites en camion à la maison d’arrêt où, après des interrogatoires, certaines sont relâchées aussitôt, tandis que d’autres sont dirigées sur le camp de Compiègne-Royallieu pour être déportées.

 

Le même jour, la même opération se produit au Mans et à Blois.

 

D’autres personnes, appréhendées au cours des rafles du 19 janvier à Orléans et du 1er mars à Melun, figurent également dans ce transport.

 

De même, depuis la fin de l’année 1942, les services de la police allemande établissent des listes d’individus considérés comme « asociaux » et mettent sur pied plusieurs opérations au cours desquelles toutes les personnes désignées sont appréhendées, internées à Compiègne et, en majeure partie, déportées par la suite.

 

Par ailleurs, les Allemands effectuent également des rafles de représailles devant la montée du refus de l’Occupation. Ainsi, le 1er mars à Villeurbanne, la Wehrmacht arrête 134 hommes en raison de l’action résistante menée dans cette ville. Si toutes sont regroupées au camp de Compiègne, on remarque que toutes les personnes dont le nom commence par les lettres A à L sont déportées dans ce transport, et toutes celles de M à Z dans le transport suivant qui part également vers le KL Mauthausen quatre jours plus tard.

 

Enfin, figurent également dans ce transport de nombreux membres d’organisations de Résistance, comme ceux des réseaux Alibi arrêtés le 7 septembre 1942 à Besançon et Hector le 11 février 1943 à Vendôme ; ou ceux des mouvements OCM arrêtés à Bayeux le 26 février 1943, Combat arrêtés à Limoges le 1er mars 1943, Libération-Sud arrêtés le 4 mars 1943 à Bouguenais en Loire-Inférieure ; parmi ces derniers se trouve Gaston Charlet, sénateur de la Haute-Vienne.

 

Au total, toutes ces personnes sont arrêtées dans plus d’une trentaine de départements différents.

 

Le trajet dure deux jours et le transport arrive le 18 avril au KL Mauthausen, mais on ne possède que peu d’éléments en ce qui concerne les conditions dans lesquelles il s’est déroulé.

 

Au cours du trajet, on a pu recenser une personne au moins évadée entre Metz et Sarrebruck.

 

La très grande majorité des déportés de ce transport reste dans le complexe du KL Mauthausen et est directement envoyée au travail dans ses Kommandos extérieurs pour servir de main-d’oeuvre à des projets différents.

 

Le groupe le plus important, de plus de 200 déportés, est transféré vers le Kommando de Loibl Pass, afin de travailler à la construction d’un tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie.

 

Par ailleurs, 38 personnes du transport sont envoyées au Kommando de Schlier, situé à Redl-Zipf en Haute-Autriche, au nord-est de Salzburg, et 6 seulement sont rentrées. « Schlier » est le nom de code secret du site, ouvert en octobre 1943, où se trouve implantée une usine secrète de production d’oxygène liquide pour les fusées V2, ainsi qu’un centre d’essai capable de tester la performance de chaque réacteur.

 

Les autres principaux Kommandos dans lesquels sont envoyés les déportés de ce transport, sont ceux de Gusen, Wiener Neudorf, et Ebensee, où entre 45 et 55% décèdent. Au moins 59 personnes sont emmenées au château d’Harteim pour y être gazées. On note que près de 11% des membres du transport décèdent au camp central sans connaître, semble-t-il, un autre lieu de déportation.

 

Enfin, ils sont un peu plus de 5% à être transférés vers les KL d’Auschwitz, Dachau, Buchenwald ou Sachsenhausen.

 

 

 

Thomas Fontaine, Manuel Maris

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945. Fondation pour la mémoire de la déportation. copyright 2004 - Editions Tirésias.

 

 

 

Gérard BOCQUERY

Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR

Président départemental de l'UNADIF - FNDIR de l'Oise

[ ADIF de l’OISE ]

 

 

 

 

CONVOI DU 16 AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
CONVOI DU 16 AVRIL 1943     COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
Partager cet article
Repost0
4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 04:00

L'INFO n° 1 460

 

 

 

6 avril 1944    -    6 avril 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  8O  ANS  !

 

 

 

CONVOI du 6 avril 1944. COMPIEGNE – MAUTHAUSEN

 

 

Transport parti de Compiègne le 6 avril 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 8 avril 1944.

 

 

Effectif recensé : 1 489 hommes

 

 

Matricules extrêmes : 61 851 – 63 336

 

 

 

Situations :

 

 

Evadés durant le transport : 5 (0,4 %)

 

Décédés et disparus en déportation : 763 (51,2 %)

 

Rentrés de déportation : 667 (44,8 %)

 

Situations non-connues : 54 (3,6 %)

 

 

 

Jeudi 6 avril 1944, vers 7 heures ; 1 489 hommes au moins quittent le camp d’internement et de transit de Royallieu (Frontstalag 122) de Compiègne. Après avoir traversé la ville, à pied, en silence et par rang de cinq, ils arrivent vers 8 heures à la gare de Compiègne située à plus d’un kilomètre du camp.

 

 

Là, un train les attend, composé d’une douzaine de wagons à bestiaux sur lesquels est peinte la mention « Hommes : 40. Chevaux en long : 8 », encadrés par un wagon de voyageurs réservé à l’escorte militaire allemande, et par deux wagons plate-forme équipés de mitrailleuses.

 

En face de chaque wagon, les Allemands forment des groupes d’environ 80 hommes qui attendent en silence durant près d’une heure l’ordre d’y monter.

 

Des quatre transports directs allant de Compiègne à Mauthausen en 1943 et en 1944, celui du 6 avril est le dernier et le plus important.

 

Vers 10 heures, le train quitte Compiègne pour la gare de Mauthausen, en Autriche.

 

En gare de Reims, il reste à quai durant près de trois heures.

 

Les déportés en profitent alors pour griffonner sur des bouts de papier des messages qu’ils jettent par les interstices des parois de wagons et que les cheminots ramassent, et qu’ils tentent de faire parvenir à leurs destinataires.

 

Le train passe ensuite par Thiaucourt (Moselle), Pagny-sur-Moselle (Meurthe - et - Moselle), Novéant (Moselle), Metz (Moselle), puis Ludwigshafen (Rhénanie - Palatinat), Würzburg, Nuremberg, Regensburg et Passau (Bavière), enfin Linz et Mauthausen (Autriche).

 

Dans des fourgons dont toutes les ouvertures sont obturées, c’est un terrible voyage de trois jours et deux nuits que ces hommes subissent, entassés pêle-mêle, sans nourriture et dans le froid.

 

En dépit des menaces de représailles des Allemands, en cas de tentatives d’évasion, et des tensions que ces dernières créent entre déportés dans les wagons, plusieurs d’entre eux, parmi les plus jeunes, cherchent à déchausser le plancher et à s’évader.

 

Cinq y parviennent, dont 2 à Thiaucourt, 2 à Pagny – sur - Moselle.

 

Aussi, en pleine nuit du 6 au 7, à Novéant, tous les déportés sont éjectés de leurs wagons et doivent se mettre nus, leurs vêtements étant entassés dans deux wagons vidés de leurs occupants.

 

Ils continuent donc, à 120 par wagon, et dans l’odeur pestilentielle qui règne.

 

En gare de Würzburg seulement, quelques infirmières de la Croix-Rouge allemande sont autorisées à donner à boire aux déportés.

 

Le 8 avril, vers 17 heures, le train arrive en gare de Mauthausen.

 

Accueillis par des SS, accompagnés de chiens, les déportés doivent s’habiller à la hâte de défroques ramassées sur le quai.

 

Ils montent vers le camp, encadrés tous les dix mètres par ces SS et leurs chiens, traversant le village dont les habitants les regardent, silencieux.

 

Une ambulance ramasse ceux qui sont morts dans le train, les invalides, puis les traînards.

 

L’arrivée au camp a lieu vers 19 heures.

 

 

Après de longues opérations de comptage qui durent toute la nuit, vers 5 heures du matin, les déportés reçoivent l’ordre de se déshabiller, puis d’entrer dans la salle de douches.

 

Résistants pour la plupart, auxquels sont mêlés des otages, des communistes et quelques droit commun, ces hommes, de tous les âges, sont de toutes les régions de France.

 

Le plus âgé a 74 ans, et si 200 d’entre eux n’ont pas vingt ans, les 2 plus jeunes ont respectivement tout juste 15 et 16 ans ; 9 autres, à peine 17 ans.

 

La majorité est arrêtée entre novembre 1943 et mars 1944, soit lors de tentatives de franchissement de la frontière espagnole, soit en tant qu’otages au cours de rafles de représailles comme celles du 14 février à Cluny (Saône-et-Loire), du 19 février puis des 13 et 20 mars à Grenoble, du 14 mars à Cublac (Corrèze) et Terrasson (Dordogne) ; soit encore lors d’opérations de démantèlement de réseaux ou de maquis.

 

Parmi ces arrestations, les plus importantes sont celles qui ont lieu en Dordogne en février 1944, en Ille-et-Vilaine en octobre et en décembre 1943 contre le réseau Buckmaster, en Isère, mais aussi dans le Puy-de-Dôme, la Saône-et-Loire, la Savoie, la Seine, le Jura, le Loiret, la Mayenne à Craon contre le groupe Marie-Odile du réseau Turma Vengeance, sans oublier la région Sud-Est.

 

En effet, un important convoi arrive à Compiègne directement de Marseille, quelques jours avant le 6 avril : il est composé de personnes enfermées dans les prisons des Baumettes et de Saint-Pierre, maquisards arrêtés lors du démantèlement des maquis situés aux alentours de Banon, et habitants de cette bourgade qui les ont aidés d’une manière ou d’une autre.

 

Parmi tous les déportés de ce transport, il y a Pierre Mercier, dit Maxime, qui vient d’arriver à Compiègne le 23 mars, après avoir passé six mois en cellule à la prison de la caserne du 92ème RI de Clermont-Ferrand.

 

Faisant partie des Forces Françaises Libres (FFL), membre du réseau Mithridate, il est le chef militaire des maquis de la 6ème région du mouvement Combat (Auvergne).

 

Le 16 octobre 1943, il est arrêté avec 2 officiers anglais alors qu’il organise une opération de parachutage, sur la base de renseignements donnés par un de ses camarades au cours d’interrogatoires de la Gestapo.

 

Condamné à mort par un tribunal militaire, sa peine est par la suite commuée, comme celle d’autres internés, en une déportation dans un KL.

 

Arrivé au KL Mauthausen le 8 avril 1944, il est ensuite gazé à Hartheim le 2 septembre.

 

Plus de la moitié des déportés de ce transport sont transférés au Kommando de Melk et près de 300 vers celui de Gusen ; ils restent donc rattachés au KL Mauthausen.

 

Au moins 20 autres sont envoyés vers le KL Auschwitz, alors que, par la suite, hormis l’Abbé Varnoux, la majorité des ecclésiastiques catholiques et protestants, dont le Père Riquet, sont transférés au KL Dachau.

 

Parmi les 763 décédés ou disparus, en déportation, 122 déportés de ce transport, soit 8 %, sont exterminés en chambre à gaz, à Hartheim.

 

 

Claude MERCIER

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945. Fondation pour la mémoire de la déportation. Copyright 2004 - Editions Tirésias.

 

 

Gérard BOCQUERY

Secrétaire général adjoint national de l'UNADIF - FNDIR

Président départemental de l'UNADIF-FNDIR de L'OISE

 

CONVOI du 6 AVRIL 1944   COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
CONVOI du 6 AVRIL 1944   COMPIEGNE - MAUTHAUSEN
Partager cet article
Repost0
15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 05:00

L'INFO n° 1 459

 

 

31 janvier 1944    -    31 janvier 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  8O  ANS  !

 

 

 

CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE – RAVENSBRÜCK

 

 

Transport parti de Compiègne le 31 janvier 1944 et arrivé au KL Ravensbrück le 3 février 1944

 

 

 

Effectif recensé : 959 femmes

 

Matricules extrêmes : 27 030 – 27 988

 

 

 

Situations :

 

 

Libérées par les autorités allemandes : 3 (0,3 %)

 

Décédées et disparues en déportation : 197 (20,6 %)

 

Rentrées de déportation : 711 (74,1 %)

 

Situations non connues : 48 (5 %)

 

 

 

 

Le transport de femmes qui quitte la gare de Compiègne le 31 janvier 1944 est le plus important au départ de France vers le KL Ravensbrück.

 

Il s’inscrit dans le contexte d’une déportation massive à partir de Compiègne, après les départs de trois importants transports d’hommes à destination du KL Buchenwald.

 

Si les 959 femmes enfermées dans des wagons à bestiaux sont toutes extraites du camp de Compiègne, elles ont été d’abord internées dans diverses prisons françaises, puis amenées en région parisienne, à Fresnes, à La Santé ou au Fort de Romainville.

 

Le train effectue plusieurs arrêts avant d’arriver au KL Ravensbrück, dont un à Trèves, où la Croix-Rouge allemande leur distribue de la nourriture.

 

Puis, il repart et arrive à destination le 3 février 1944.

 

Il est connu dans la mémoire des déportés comme le « convoi des 27 000 », en référence à la série matriculaire qui lui est affectée à l’arrivée au camp.

 

Il se distingue des autres transports de femmes par les sources existantes, puisqu’une liste venant du Revier du camp a pu être conservée.

 

Elle mentionne la totalité des femmes arrivées ce 3 février 1944, ce qui en fait un document exceptionnel puisque la grande majorité des archives de Ravensbrück ont disparu.

 

Il s’agit en fait de plusieurs listes alphabétiques accolées :

une première va du matricule 27 030 au 27 309 ;

une deuxième du numéro 27 310 au 27 570 ;

une troisième du numéro 27 571 au 27 863 ;

une quatrième du matricule 27 864 au 27 929,

et une dernière du numéro 27 930 au 27 988.

 

 

Ces différentes listes réunies amènent à penser qu’elles ont été constituées en fonction des arrivées au camp de Compiègne et qu’il s’agit donc, en fait, d’un état des partants.

 

Ainsi, les détenues arrivées dans ce camp un mois avant le départ pour Ravensbrück se trouvent dans la première liste, tandis que celles arrivées quelques jours avant se retrouvent dans les suivantes.

 

L’étude de la liste soulève quelques interrogations : à côté du matricule 27 260 est portée la mention « Ist nicht zur Einlieferung gelangt » (non parvenue à l’entrée du camp).

 

Il s’agit en fait d’une femme transférée du Fort de Romainville au camp de Compiègne en octobre 1943.

 

Ayant plusieurs fois tenté de se suicider, elle est finalement ramenée en février 1944 au Fort de Romainville, puis internée à l’Asile Sainte-Anne, d’où elle est libérée le 19 août 1944.

 

Le fait que son nom figure sur la liste retrouvée au Revier de Ravensbrück avec un matricule, permet de penser qu’elle a pu faire partie de ce transport avant d’être ensuite ramenée en France, comme cela se produit parfois.

 

Mais son témoignage n’indique pas ce trajet et il semble plus probable qu’elle n’ait pas été « rayée » de la liste de départ, et qu’à Ravensbrück on ait ignoré qu’elle ne soit pas partie.

 

Car, sur cette liste figurent aussi 17 mentions « Gestrichen » (rayée), concernant les femmes non-parties de Compiègne.

 

Le cas d’une d’entre elles, Marie-Louise Monnet, illustre cette « règle », sans doute habituelle et déjà constatée pour d’autres transports partis directement vers des KL : elle est emmenée à l’hôpital juste avant le départ, et déportée plus tard dans le transport parti le 14 juin 1944 vers Sarrebruck Neue Bremm, puis Ravensbrück.

 

Par ailleurs, les recherches menées ont révélé le nom d’une détenue de Compiègne, très probablement déportée dans ce transport, mais absente de la liste.

Elle entre au KL sans être, semble-t-il, immatriculée, puis elle est ramenée à Fresnes par Francfort-sur-le-Main, le 15 février 1944, pour être jugée et condamnée à mort.

Elle est finalement libérée de Fresnes le 17 août 1944.

 

Au total, la liste présentée ci-après comporte 958 noms avec matricules et 1 nom sans matricule, soit 959 déportées.

 

Ce transport est très majoritairement composé de résistantes.

 

Les arrestations sont surtout opérées durant l’année 1943, près de 45 % s’effectuant durant l’automne.

 

Seulement 5 % le sont en 1941 et 1942 : ce sont surtout des membres du Front National, arrêtés dans la région parisienne au cours des grandes vagues répressives des autorités allemandes contre les milieux communistes.

 

Les autres résistantes connues appartiennent à de nombreux réseaux et mouvements implantés dans toute la France à cette époque.

 

Dans le département de la Sarthe, 18 femmes du réseau Buckmaster sont ainsi arrêtées, entre septembre et décembre 1943, pour avoir notamment hébergé des parachutistes.

 

Les mêmes motifs sont invoqués, toujours pour des personnes de ce réseau, dans les départements de la Seine, de la Gironde, du Loir-et-Cher, du Maine-et-Loire et de la Haute-Garonne.

 

Figurent aussi en nombre important, des femmes arrêtées pour leurs activités d’agent de liaison ou de boite aux lettres au sein du Front National, des réseaux Alliance, CND-Castille, Manipule, Evasion, Gallia, Marco-Polo et Vengeance.

 

Des groupes sont souvent entièrement démantelés, comme celui des 9 agents du réseau Mithridate du Puy-de-Dôme, qui sont arrêtées sur dénonciation en novembre 1943 ou comme lorsque la Gestapo opère, à Paris, en juillet 1943, un vaste coup de filet au sein du mouvement Défense de la France touchant au moins 5 femmes de ce transport.

 

Par ailleurs, 3 étudiantes de l’Université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand, qui appartiennent au mouvement Combat, sont arrêtées en même temps que des camarades déportés vers le KL Buchenwald en janvier 1944.

 

Enfin, Renée Haultecoeur, secrétaire de Jean Cavaillès, un des fondateurs de Libération-Nord, est arrêtée le 27 août 1943 à Paris.

 

Lorsqu’elles arrivent au KL Ravensbrück, les déportées sont placées en quarantaine avant d’être affectées à des travaux soit à l’intérieur du camp, soit à l’extérieur.

 

Une partie de ce transport, 134 femmes, est envoyée en avril 1944 au Kommando d’Holleischen, dépendant du KL Flossenbürg, dans la forêt sudète.

 

Là, elles doivent travailler dans la poudrerie des usines Skoda, à la fabrication des munitions anti-aériennes.

 

Un autre transfert important, d’au moins 100 femmes, est dirigé vers le Kommando de Zwodau, dépendant aussi du KL Flossenbürg.

 

Par ailleurs, plus de 100 autres déportées partent pour les Kommandos de Bartensleben, de Hanovre et de Beendorf, rattachés au KL Neuengamme et une soixantaine au moins, en juillet 1944, vers les Kommandos de Leipzig et Schlieben, dépendant du KL Buchenwald.

 

Des femmes de ce transport sont également transférées vers les Kommandos de Rechlin et de Neubrandenburg, dépendant de Ravensbrück.

 

Ainsi, contrairement aux « NN » qui doivent rester au camp, ces femmes sont pleinement utilisées dans les usines allemandes d’armement.

 

Parmi les femmes restées au KL Ravensbrück, 23 au moins sont gazées, la plupart en mars et avril 1945.

 

Trois libérations par les autorités allemandes sont connues avec certitude, dont celle d’une femme renvoyée en France en avril 1944, au Fort de Romainville, où elle accouche en juillet 1944, et une autre ramenée sur intervention.

 

86 autres déportées sont libérées sur intervention de la Croix-Rouge, en avril 1945, avant la libération officielle du camp qui a lieu le 30.

 

Enfin, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, mise au Bunker du camp en octobre 1944, est libérée fin février 1945 à la frontière suisse.

 

 

 

Thomas Fontaine, Guillaume Quesnée

 

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945. Fondation pour la mémoire de la Déportation. Copyright 2004 - Editions Tirésias

 

 

Gérard Bocquery

Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR

Président départemental de l’UNADIF-FNDIR de l’Oise 

(ADIF de l’Oise)

 

 

 

 

 

 

CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE - RAVENSBRÜCK
CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE - RAVENSBRÜCK
CONVOI du 31 JANVIER 1944. COMPIEGNE - RAVENSBRÜCK
Partager cet article
Repost0
8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 05:00

 

L'INFO n° 1 458

 

 

 

27 janvier 1944    -    27 janvier 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  8O  ANS  !

 

 

 

Transport parti de Compiègne le 27 janvier 1944 et arrivé au KL Buchenwald le 29 janvier 1944

 

 

 

 

Effectif recensé : 1 583 hommes

 

 

Matricules extrêmes : 43 470 – 45 048

 

 

 

Situations :

 

Evadés durant le transport : 3 (0,2 %)

 

Décédés durant le transport : 12 (0,1 %)

 

Libérés par les autorités allemandes : 13 (0,1 %)

 

Décédés et disparus en déportation : 566 (35,7 %)

 

Rentrés de déportation : 867 (54,8 %)

 

Situations non connues : 145 (9,1 %)

 

 

Ce transport est le huitième des grands transports de Compiègne à Buchenwald à se succéder depuis juin 1943. Son premier matricule suit le dernier matricule du transport parti le 22 janvier 1944.

 

Quelques déportations de ce transport sont la suite d’arrestations anciennes, mais la grande majorité des personnes concernées ont été arrêtées dans les quatre derniers mois précédant le départ.

 

Certaines arrestations ont eu lieu lors d’attaques de maquis en Côte-d’Or, en Ille-et-Vilaine ou dans les Côtes-du-Nord, d’autres sont liées à des tentatives de franchissement des Pyrénées.

 

Les arrestations les plus importantes correspondent à des démantèlements nombreux de groupes de Résistance dans des régions très diverses : FTPF dans l’Aisne, la Loire ou la Haute-Savoie, Buckmaster en Normandie, Bretagne, pays de la Loire, Libé-Nord dans l’Aisne, Résistance-Fer en Saône-et-Loire, Corps-Francs Pommies du Gers, CND-Castille en Gironde et dans les Landes, etc.

 

Au total, le transport du 27 janvier concerne 1 583 personnes, dont 1 415 Français. Les étrangers, Belges, Espagnols, Polonais, Néerlandais, ne présentent pas de caractéristiques particulières.

 

Le trajet est marqué par l’évasion de 3 prisonniers à Vitry-le-François, et par une soupe à l’arrêt à Trèves comme pour le convoi précédent. Ce voyage, apparemment banal, a pris toute sa signification sous la plume de l’Espagnol Jorge Semprun, qui a décrit, dans un « roman », intitulé Le Grand Voyage, celui auquel il avait alors participé.

 

A Buchenwald, un sort particulier est réservé à un certain nombre de déportés français.

 

Une dizaine d’officiers, souvent membres du Deuxième Bureau, dont Henri Giscard d’Estaing, sont transférés le 13 mars 1944 à Flossenburg pour être internés comme « personnalités-otages » au château d’Eisenberg.

 

Plus tard, Alfred Cailliau, beau-frère du Général de Gaulle, est transféré au château d’Itter, où se trouvent Edouard Daladier, Paul Reynaud, les généraux Weygand et Gamelin, et d’autres personnalités importantes.

 

Plus tragique est le sort de membres du réseau Alliance, transférés plus tard à Gaggenau pour être fusillés.

 

Une nouvelle fois, la moitié des nouveaux venus – 697 sur 1 415 Français – sont envoyés à Dora, en février et mars. Il s’agit cette fois pour l’essentiel, de la construction du camp, qui avait été ajournée au bénéfice des travaux du Tunnel.

 

 Il faut construire les baraques, les rues, les réseaux et la clôture électrifiée d’une véritable petite ville associée à l’usine des armes secrètes.

 

Ces nouveaux venus échappent aux « dortoirs » du Tunnel. Les victimes sont cependant nombreuses et un transfert important a lieu, dès mars 1944, à Bergen-Belsen.

 

Une nouvelle priorité apparaît en mars avec l’ouverture de nouveaux chantiers souterrains et des camps correspondants d’Ellrich et de Harzungen.

 

Les derniers membres de ce transport à quitter Buchenwald y vont directement au lieu d’aller à Dora. A la fin des travaux du Tunnel et du camp les survivants sont affectés soit à l’usine, soit aux nouveaux chantiers.

 

En dehors de Dora, le principal lieu de destination est le nouveau chantier de Porta Westfalica. Il est ensuite rétrocédé au camp de Neuengamme avec ses détenus.

 

D’autres transferts sont opérés vers Schönebeck, ou Langenstein.

 

Un des principaux témoins de la construction du camp de Dora et de la suite de son histoire jusqu’à l’évacuation d’avril 1945 est Yves Béon, avec le récit qu’il a intitulé La Planète Dora.

 

Les livres de Charles Spitz, Schreiber à Dora, et de Serge Miller, sur Ellrich, sont intéressants. Le texte de Pierre Maho, qui a bien connu la Boelcke Kaserne, reste à publier. Il est d’une grande richesse. C’est aussi le cas de celui de Marcel Petit, directeur de l’Ecole vétérinaire de Toulouse, très influent au Revier de Dora, où se met en place un groupe de résistance.

 

Le récit de Marcel Petit a été connu et a beaucoup influencé plusieurs travaux sur le camp. Il en est de même des souvenirs du Lorrain Alfred Untereiner, connu comme le Frère Birin (des Ecoles Chrétiennes), qui est entré à l’Arbeitsstatistik, et y a joué un rôle précieux pour ses compatriotes.

 

Petit et Birin avaient eu la chance de quitter les travaux de « terrasse ».

 

C’est aussi le cas d’un troisième personnage, Paul Rassinier, qui se dissocie de ses camarades en intriguant pour rester hospitalisé au Revier. Il s’y forge une vue du système concentrationnaire qui sera la base de ses dérapages futurs, aboutissant au négationnisme.

 

Il s’opposera ainsi fortement à David Rousset, qui est lui aussi arrivé à Buchenwald par ce transport, mais est transféré rapidement dans le Kommando extérieur de Porta Westfalica, rattaché ensuite à Neuengamme.

 

Ses deux grandes oeuvres ont été publiées dès 1946 pour L’Univers concentrationnaire et en 1947 pour Les Jours de notre mort.

 

Les oeuvres de Jorge Semprun situées à Buchenwald sont nettement postérieures. Il a occupé des fonctions à l’Arbeitsstatistik, comme le Français Daniel Anker.

 

 

 

André Sellier

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 - Fondation pour la mémoire de la Déportation - Copyright 2004 - Editions Tirésias

 

Gérard BOCQUERY Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR

Président départemental de l’UNADIF-FNDIR de l’Oise

(ADIF de l’OISE)

 

CONVOI DU 27 JANVIER 1944      COMPIEGNE – BUCHENWALD
CONVOI DU 27 JANVIER 1944      COMPIEGNE – BUCHENWALD
Partager cet article
Repost0
1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 05:00

 

L'INFO n° 1 457

 

 

24 janvier 1943    -    24 janvier 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  81  ANS  !

 

 

 

Le transport parti de Compiègne le 24 janvier 1943, arrivé au KL Sachsenhausen le 25 janvier 1943 (1 466 hommes) et arrivé au KL Auschwitz le 27 janvier 1943 (230 femmes).

 

 

Les femmes parties le 24 janvier 1943 de Compiègne et enregistrées le 27 janvier au KL Auschwitz

 

 

Les hommes partis le 24 janvier 1943 de Compiègne et arrivés le 25 janvier au KL Sachsenhausen

 

 

 

Effectif recensé : 230 femmes - 1 466 hommes

 

Matricules extrêmes :

31 625 – 31 854 (à Auschwitz)

57 784 – 59 432 (à Sachsenhausen)

 

 

Situations :

Evadés durant le transport : 2 (0, 1 %)

Libérés par les autorités allemandes : 3 (0, 2 %)

Décédés et disparus en déportation : 181 f (78, 7 %) 498 h (34 %)

Rentrés de déportation : 49 f (21,3 %) 890 h (60, 7 %)

Situations non connues : 73 (5 %)

 

 

 

Le 24 janvier 1943, en gare de Compiègne, un nouveau train prend la direction de l’Allemagne, emmenant 230 femmes et au moins 1 466 hommes.

 

Après le transport du 6 juillet 1942, composé principalement d’otages communistes, c’est le second, formé de déportés arrêtés par mesure de répression, à partir de ce lieu. Le suivant part au mois d’avril.

 

C’est, en quelque sorte, un transport « double », composé d’hommes et de femmes, embarqués dans des wagons séparés et dont les destins divergent sur le territoire allemand. Le train part en direction de Châlons-sur-Marne, puis Metz, avant de pénétrer en Allemagne. Un arrêt est d’abord effectué à Weimar, puis à Halle, où les wagons des hommes sont séparés de ceux des femmes, situés en queue de train. Les hommes prennent alors la direction du KL Sachsenhausen où ils entrent le 25 janvier, alors que les femmes sont emmenées vers le KL Auschwitz, dans la partie de la Pologne annexée au Reich, où elles arrivent dans la soirée du 26 janvier.

 

Les femmes arrêtées par mesure de répression de ce transport sont les seules à avoir été dirigées vers le complexe d’Auschwitz. Les autres femmes venant de France étaient des Juives déportées dans le cadre de la « solution finale ».

 

Le 23 janvier 1943, 222 prisonnières quittent, en camion, le fort de Romainville pour le camp de Compiègne où elles sont enfermées dans un bâtiment en vue de leur départ. Là se trouvent 8 autres femmes : 6 d’entre elles avaient été extraites de la prison de Fresnes et les deux autres du Dépôt. Le lendemain matin, ces 230 femmes sont emmenées en camion à la gare de Compiègne où elles montent dans les quatre derniers wagons d’un train rempli, depuis la veille au soir, par près de 1 500 hommes. Arrivées dans la soirée du 26 janvier, elles ne descendent des wagons que le lendemain matin et entrent dans le camp de Birkenau en chantant La Marseillaise. Elles sont immatriculées dans la série des « 31 000 ».

 

Ces déportées sont originaires de différents départements de la zone Nord occupée et principalement de villes de plus de 10 000 habitants. Au moins 106 d’entre elles viennent de la région parisienne. La moitié de ces déportées appartient à la classe ouvrière, un quart sont des commerçantes ou des employées. On note aussi la présence de 10 institutrices et de 2 professeurs, d’un médecin et d’une sage-femme, d’une dentiste et d’un reporter-photographe.

 

Plus de la moitié de ces femmes (119) sont communistes ou proches du PCF. Elles sont pour 85 % d’entre elles des résistantes. Les autres ont été arrêtées pour des raisons diverses dont 2 pour avoir tenté de passer la ligne de démarcation. 45 d’entre elles sont des veuves de fusillés : elles avaient appris, avant leur départ, l’exécution de leur mari par les Allemands comme otages, en représailles des attentats organisés par les communistes contre les troupes d’occupation. D’autres sont déportées en même temps que leurs maris, enfermés dans les wagons destinés au KL Sachsenhausen : telle Joséphine Bizzarri (« Mado ») arrêtée à Reims avec son époux, Claude Umido.

 

Dans ce convoi se trouve notamment Marie-Claude Vaillant-Couturier, qui avait épousé Paul Vaillant-Couturier, le rédacteur en chef de L’Humanité mort en 1937, puis Pierre Villon, un des dirigeants du Front National pour la liberté et l’indépendance de la France. Elle avait été arrêtée en février 1942 alors qu’elle servait d’agent de liaison entre la direction du PCF et les branches de la Résistance.

 

Simone Sampaix est la fille de Lucien Sampaix, secrétaire général de L’Humanité, fusillé le 15 décembre 1941. Danielle Casanova, chirurgien-dentiste, militante communiste mariée à Laurent Casanova, est la fondatrice de l’Union des jeunes filles de France, rédactrice de La voix des femmes.

 

Hélène Solomon, fille du professeur Langevin et veuve de Jacques Solomon fusillé le 23 mai 1942, qui devient député à son retour de déportation, militait avec Danielle Casanova au sein du Front national universitaire. Maÿ Politzer est l’épouse du philosophe Georges Politzer, rédacteur dans L’Université libre et La Pensée libre, fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942.

 

Il faut noter, enfin, la présence dans ce transport de Charlotte Delbo, secrétaire de Louis Jouvet jusqu’en 1941, qui entre en résistance avec son mari Georges Dudach, fusillé également le 23 mai 1942, et dont les recherches permettent de faire l’histoire de ce transport.

 

Le sort des 230 femmes déportées est marqué par une mortalité effrayante : seules 49 d’entre elles reviennent de déportation en 1945. Les premiers mois suivant leur arrivée sont les plus meurtriers, en particulier à cause de l’épidémie de typhus qui sévit dans le camp et des diverses formes de « sélection » qui conduit les plus faibles dans les chambres à gaz. Charlotte Delbo indique qu’elles ne sont plus que 70, le 10 avril 1943.

 

En juillet – le 16 pour Marie-Claude Vaillant-Couturier et le 24 pour ses compagnes – les « 31 000 » reçoivent le droit de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis.

 

Le 3 août, alors que 13 nouveaux décès ont été enregistrés, la plupart des 57 dernières survivantes sont placées en quarantaine, dans une baraque installée juste devant l’entrée du camp. Celle-ci servait notamment à mettre « à l’isolement, avant leur sortie, des Allemandes de droit commun qui avaient purgé leur peine. » Les détenus politiques français de sexe masculin rassemblés au camp principal connaissent à leur tour, un sort semblable. Pourquoi cette quarantaine ? Les nazis ont-ils envisagé, pendant un temps, le transfert de ces déportés vers des camps moins durs ? Ce qui nécessitait qu’aucun ne soit touché par le typhus. Cette quarantaine est-elle à mettre en relation avec les démarches entreprises par les familles des « 31000 » auprès de la Croix-Rouge à la suite de la réception, à partir d’avril 1943, de plusieurs avis de décès les concernant ? Ou est-elle due à la diffusion, en mai 1943, d’un tract du Front national révélant le départ des prisonnières de Romainville pour Auschwitz et les conditions épouvantables de détention dans ce camp ? Tract dont le contenu est repris par Fernand Grenier dans une émission de Radio-Londres, le 17 août. Durant leur quarantaine, les « 31 000 » sont exemptées de travail, de marche, d’appel général et peuvent se laver. Cette période de répit qui se termine en juin 1944, freine la mortalité du groupe des survivantes : 5 décès sont à déplorer entre août et novembre 1943.

 

17 « 31 000 » ne connaissent pas cette quarantaine, parce qu’elles ont été affectées dans un Kommando de Raisko dont le régime est également plus clément : un laboratoire où des chercheurs expérimentent la culture du koksaghiz, une sorte de pissenlit dont la racine contient une forte proportion de latex. Elles se sont fait inscrire comme laborantines ou jardinières.

 

Le 7 janvier 1944, 8 de ces dernières sont transférées vers le KL Ravensbrück : 5 partent ensuite vers le Kommando de Beendorf, une mine de sel dépendant du KL Neuengamme et 1 autre vers un Kommando du KL Flossenbürg, 2 restant au KL Ravensbrück. Les 9 qui demeurent à Raisko sont transférées au KL Ravensbrück le 16 août 1944, où elles retrouvent la plupart de leurs camarades qui, placées en quarantaine à Birkenau, avaient réintégré le régime général du camp en juin 1944, et avaient été emmenées au KL Ravensbrück le 3 août.

 

La majorité des 33 « 31 000 », arrivées dans ce camp le 4 août, sont placées au Block des détenues « Nacht und Nebel », ce qui signifie notamment qu’elles ne sont pas transférées dans des Kommandos de travail extérieurs au camp principal. Seule Adélaïde Hautval est envoyée à Watenstedt, dépendant du KL Neuengamme, pour servir de médecin au Revier du camp, et cela de manière temporaire, avant de revenir à Ravensbrück.

 

Par ailleurs, les 2 « 31 000 » qui étaient restées au Revier de Birkenau comme malades au moment des départs d’août vers Ravensbrück, connaissent un parcours différent. Marie-Jeanne Bauer est libérée du camp par les Russes le 27 janvier 1945. Marcelle Mourot rejoint, elle, le KL Ravensbrück dans un transport du mois de novembre 1944. Puis, après un passage par le Kommando d’Oranienburg, elle revient dans ce camp en février 1945.

 

Elles sont alors 44 à se trouver à Ravensbrück. 33 sont transférées le 4 mars 1945, dans un important transport vers le KL Mauthausen, composé en majorité de détenus «NN» : 3 d’entre elles trouvent la mort lors de travaux de déblaiement, à Amstetten, 30 sont libérées le 22 avril par la Croix-Rouge et acheminées en Suisse. Les 5 femmes transférées à Beendorf sont libérées de ce Kommando en mai 1945, tout comme celle partie vers le Kommando de Flossenbürg, en Tchécoslovaquie. Hélène Solomon, arrivée avec ses camarades de Raisko le 16 août, ne reste pas à Ravensbrück : transférée comme infirmière dans une usine près de Berlin, puis au Kommando d’Oranienburg, elle est libérée au cours de la « marche de la mort » d’évacuation. 11 sont donc libérées du KL Ravensbrück en avril 1945, dont 8 les 22 et 25 par la Croix- Rouge, avant d’être emmenées en Suède. Marie-Claude Vaillant-Couturier et Heidi Hautval, restées au chevet de Simone Loche, gravement malade, sont libérées à Ravensbrück par l’armée soviétique.

 

 

 

Les hommes de ce transport sont les premiers déportés partis de France à être dirigés vers le KL Sachsenhausen, près de Berlin. Deux autres transports, en avril et en mai 1943, prennent la direction de ce camp.

 

Deux motifs d’arrestation caractérisent le groupe des hommes : soit l’appartenance (majoritaire) au PCF ou au Front National pour la liberté et l’indépendance de la France, soit le passage ou l’aide au franchissement de la ligne de démarcation ou de la frontière espagnole. D’autres hommes de ce transport sont également arrêtés pour leur appartenance à une organisation de résistance, comme ces 8 membres du réseau Uranus-Kléber, spécialisé dans les filières d’évasion, arrêtés en Meurthe-et-Moselle pour leur aide notamment à des prisonniers de guerre évadés. Enfin, le cas de Marcel Leboucher indique que le transport comprend également des otages arrêtés par mesure de représailles à la suite d’attentats commis contre les troupes allemandes.

 

La présence de communistes explique qu’un cinquième, de ceux pour lesquels nous connaissons la date d’arrestation, est arrêté entre 1939 et fin 1941, à la suite de l’interdiction du PCF et de la répression de ses militants et de ses sympathisants. Des arrestations ont lieu dans la zone Nord occupée, surtout dans la Seine, mais aussi dans l’Oise, la Somme, la Haute et Basse-Normandie, la Bretagne ou encore la Charente et la Charente-Maritime, où plus de 40 membres du Front National sont arrêtés entre août et septembre 1942, notamment après des distributions de tracts à Royan le 18 juin 1942. En Indre et-Loire, ce sont une cinquantaine de communistes, tous ouvriers dans une usine de Tours, qui sont appréhendés pour «reconstitution de ligues communistes» et distributions de tracts.

 

Les tentatives de passage de la frontière espagnole expliquent que des arrestations s’effectuent également dans les Pyrénées-Orientales, les Basses-Pyrénées ou les Landes. De même, du fait cette fois du passage de la ligne de démarcation, beaucoup d’hommes sont interpellés dans la Vienne, le Cher, l’Allier, la Saône-et-Loire, le Doubs, etc.

 

Après leur arrivée à Sachsenhausen, la plupart des hommes sont, soit affectés à des Kommandos, soit transférés dans d’autres KL. Ainsi, plus de 600 d’entre eux sont affectés, entre février et octobre 1943, au Kommando Heinkel, le plus important à dépendre de ce camp de concentration et où sont fabriquées des pièces d’avion. D’autres transferts, moins importants, sont organisés vers les Kommandos de Falkensee, Klinker et Speer. Plus de 170 déportés sont transférés au KL Buchenwald, durant l’été 1943 et le mois de février 1945 ; au moins 80 partent le 14 juillet 1944 vers le KL Dachau, où ils sont immatriculés dans la série des « 80 000 » ; alors que des effectifs moins importants sont envoyés vers les KL Flossenbürg, Mauthausen, Neuengamme, Ravensbrück ou Natzweiler.

 

Au total, avec des différences selon ces parcours, un peu plus d’un tiers des hommes de ce transport ne reviennent pas de déportation. Parmi eux, citons le cas des fusillés du 11 octobre 1944, pour leur activité résistante au sein du camp.

 

 

Thomas Fontaine, Guillaume Quesnée.

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 - Fondation pour la mémoire de la Déportation - Copyright 2004 - Editions Tirésias

 

Gérard BOCQUERY Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR

Président départemental de l’UNADIF-FNDIR de l’Oise (ADIF de l’OISE)

 

CONVOI DU 24 JANVIER 1943 COMPIEGNE – SACHSENHAUSEN - AUSCHWITZ
CONVOI DU 24 JANVIER 1943 COMPIEGNE – SACHSENHAUSEN - AUSCHWITZ
CONVOI DU 24 JANVIER 1943 COMPIEGNE – SACHSENHAUSEN - AUSCHWITZ
Partager cet article
Repost0
25 janvier 2024 4 25 /01 /janvier /2024 05:00

L'INFO n° 1 456

 

 

22 janvier 1944    -    22 janvier 2O24

 

 

IL  Y  A  TOUT  JUSTE  8O  ANS  !

 

 

 

 

Transport parti de Compiègne le 22 janvier 1944 et arrivé au KL Buchenwald le 24 janvier 1944

 

 

 

Effectif recensé : 2 005 hommes

 

Matricules extrêmes : 41 480 – 43 469

 

 

 

 

 

Situations :

 

Evadés durant le transport : 14 (0,7 %)

 

Décédés et disparus en déportation : 844 (42,1 %)

 

Rentrés de déportation : 990 (49,4 %)

 

Situations non connues : 157 (7,8 %)

 

 

 

 

 

 

 

Ce transport, le septième entre Compiègne et Buchenwald, part le 22 janvier, cinq jours après celui arrivé au KL Buchenwald le 19 janvier dont il est complémentaire à de nombreux points de vue. Certains de ces déportés ont été arrêtés à des dates anciennes. Les exemples les plus extrêmes sont ceux du journaliste Edmond Ben-Danou, arrêté le 21 août 1940, et de Julien Cain, ancien administrateur de la Bibliothèque nationale révoqué par Vichy, arrêté en février 1941. Ils ont fait de longs séjours à Romainville, puis à Compiègne. Mais la plupart des déportés ont été arrêtés en 1943, et 69,6 % d’entre eux dans les quatre mois précédant le départ.

 

Les effectifs de résistants sont importants. Les uns appartiennent à des réseaux comme l’OCM dans les Deux-Sèvres ou l’ORA dans le Puy-de-Dôme. D’autres sont là pour des actions personnelles. C’est le cas du dessinateur humoristique Jean Bernard, dont un personnage pris en faute avait le tort, dans un numéro de Ric et Rac, d’avoir une petite moustache et une mèche tombant sur le front.

 

En France, les victimes de rafles de représailles sont de plus en plus nombreuses, et leur déportation est rapide, car il n’y a pas à leur sujet d’affaires à instruire. Les six exemples qui suivent sont classés dans l’ordre chronologique des arrestations. La première de ces rafles a lieu à Nantua le 14 décembre 1943 après une expédition punitive de maquisards contre un collaborateur, le 6. Plus de 150 hommes sont arrêtés. Après des libérations et des évasions, 92 personnes sont déportées, dont le maire-adjoint et le capitaine de gendarmerie.

 

A Billom, dans le Puy-de-Dôme, le 16 décembre, une véritable opération militaire est menée par des soldats allemands et des miliciens. 14 hommes sont fusillés et 47 déportés. A Morlaix, le 26 décembre, après un attentat le 24, une vaste rafle aboutit à la déportation de 59 personnes. Après un déraillement le 23 décembre à Vercheny, dans le nord de la Drôme, 55 personnes sont arrêtées dans les villages voisins pour être déportées. A la fin de décembre, à Annecy, puis à Saint-Eustache, 23 personnes sont arrêtées, puis déportées, après la mort de soldats allemands.

 

Le dernier exemple est plus récent encore. Il se situe à Mussidan, en Dordogne, le 16 janvier 1944, six jours seulement avant le départ du convoi de Compiègne. Les 35 personnes arrêtées figuraient presque toutes sur une liste dont les Allemands disposaient.

 

 

 

Au total, le transport du 22 janvier concerne 2 005 personnes, dont 1 864 Français. Les étrangers, Espagnols, Italiens, Belges, Néerlandais, ne présentent pas de caractéristiques particulières. Le trajet est marqué par un total de 14 évasions sur le territoire français, et une soupe à l’arrêt à Trèves.

 

A Buchenwald, les nouveaux venus vont dans des Blocks de quarantaine voisins de ceux où se trouvent encore leurs camarades du transport précédent. La priorité pour les transferts hors de Buchenwald, en février 1944, est donnée à Dora, où les détenus sont toujours logés dans le Tunnel et où la mortalité reste élevée. Un premier transfert de 600 Français du transport précédent avait eu lieu le 10 février. Quelque 500 autres de ce transport-ci les suivent les 16 et 17. Certains disparaissent rapidement. Un grand nombre des nouveaux venus, qui sont plus ou moins considérés comme des « spécialistes », sont affectés à l’usine du Tunnel de la société Mittelwerk, pour la fabrication des fusées. Cette usine commence alors à avoir une activité régulière.

 

En dehors de Dora, des transferts importants ont lieu vers Flossenbürg, et Mauthausen. En ce qui concerne le camp de Flossenbürg, Buchenwald sert régulièrement de transit. Il s’agit cette fois de quelque 270 personnes. L’opération de transfert vers Mauthausen est au contraire isolée. Les 350 déportés concernés sont destinés, pour l’essentiel, au camp de Gusen II pour l’exécution de travaux souterrains importants destinés à enterrer la construction de matériel aéronautique.

 

En mars, puis en avril 1944, deux importants transports vont directement de Compiègne à Mauthausen, et les déportés vont eux aussi en majorité à Gusen, un camp très meurtrier.

 

Le transport comprend diverses personnalités dont un dirigeant important de la Résistance, futur Compagnon de la Libération, le colonel Frédéric-Henri Manhès, qui s’impose auprès des responsables communistes du camp.

 

Christian Pineau, qui a conservé une fausse identité, reste plus en retrait. La reconnaissance de l’importance des Français apparaît par l’entrée de Daniel Anker à l’Arbeitstatistik. Figurent aussi trois autres Compagnons de la Libération, à titre posthume pour Pierre Arrighi, membre fondateur du mouvement Ceux de la Résistance (CDLR), ou à leur retour de déportation pour François Boquet, membre du réseau Cohors-Asturies, et Hugues Limonti, chef du service des liaisons de la Délégation générale mise en place par Jean Moulin.

 

Trois parlementaires appartiennent à ce transport : François de Tessan, ancien secrétaire d’Etat (qui décède rapidement), Eugène Thomas, député du Nord, et Albert Forcinal, député de l’Eure. Eugène Thomas sera ensuite ministre à plusieurs reprises. A côté de Julien Cain, on peut noter la personnalité du professeur Charles Richet, qui sera membre de l’Académie de médecine.

 

A Dora, il convient de souligner le rôle au Revier du chirurgien Jacques Poupault, et le talent de dessinateur de Guy Boisot. Charles Sadron, professeur de physique à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, est un des principaux contributeurs au recueil Témoignages strasbourgeois, par son récit A l’usine de Dora. Jacques Courtaud, un des responsables de CND-Castille, est transféré à Laura, puis à Ellrich. Il a laissé un témoignage précieux sur sa déportation.

 

 

 

 

 

André Sellier

 

 

 

 

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 - Fondation pour la mémoire de la Déportation - Copyright 2004 - Editions Tirésias

 

 

 

 

 

Gérard BOCQUERY Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR

 

Président départemental de l’UNADIF-FNDIR de l’Oise (ADIF de l’OISE)

 

CONVOI DU 22 JANVIER 1944 COMPIEGNE-BUCHENWALD
CONVOI DU 22 JANVIER 1944 COMPIEGNE-BUCHENWALD
Partager cet article
Repost0
31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 10:00

 

L'INFO n° 1 455

 

 

 

 

 

Le temps est arrivé de vous souhaiter à toutes et tous, chers(res) amis(ies),

 

de TRES BELLES ET BONNES VACANCES !

 

 

Nous nous retrouverons à la rentrée pour la reprise des lettres d'information

 

 

Vous pouvez, durant ces congés, continuer de visiter notre page FACEBOOK, où des informations sont régulièrement publiées :

https://www.facebook.com/UNADIF-321533601206790

 

 

Gérard Bocquery, secrétaire général adjoint national de l'UNADIF - FNDIR

 

 

 

#UNADIFFNDIR                #FNDIR                   #UNADIF 

Très bonnes vacances !
Partager cet article
Repost0
20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 04:00

 

L'INFO n° 1 454

 

 

15 juillet 1944    -    15 juillet 2O23

 

 

IL Y A TOUT JUSTE 79 ANS !

 

 

 

Transport parti le 15 juillet 1944 de Compiègne et arrivé le 18 juillet 1944 au KL Neuengamme

 

 

Effectif recensé : 1 202 hommes

 

Matricules extrêmes : 36 206  –  37 700

 

 

Situations :

 

Evadés durant le transport : 4 (0,3 %)

 

Décédés et disparus en déportation : 749 (62,3 %)

 

Rentrés de déportation : 352 (29,3 %)

 

Situations non connues : 97 (8,1 %)

 

 

 

 

Effectif recensé : 326 « personnalités-otages »

 

Situations :

 

Evadés durant le transport : 0

 

Décédés et disparus en déportation : 12 (3,7 %)

 

Rentrés de déportation : 313 (96 %)

 

Situations non connues : 1 (0,3 %)

 

 

 

Le samedi 15 juillet 1944, le troisième grand transport à destination du KL Neuengamme part de Compiègne. Ce sont plus de 1 500 hommes entassés dans des wagons à bestiaux qui arrivent à destination dans la matinée du mardi 18 juillet, après deux jours et demi de voyage.

 

Le train est stoppé plusieurs fois après son départ en raison des bombardements alliés et des tentatives d’évasion. 4 noms d’évadés dans le département de l’Aisne, peu après le départ, ont pu être retrouvés. Ce nombre est certainement inférieur à la réalité car des témoignages affirment que 17 personnes au moins manquent à l’arrivée au KL Neuengamme, évadées ou décédées durant le voyage.

 

Le train passe par Metz, Thionville, puis Trèves. Le lundi 17 juillet, dans l’après-midi, il arrive à Coblence, où les déportés sont ravitaillés en nourriture et en eau. Enfin, le mardi 18, le transport arrive en gare de Hambourg, puis à Neuengamme, où les SS organisent le débarquement des déportés.

 

1 525 déportés sont immatriculés le lendemain de leur arrivée.

 

Le débarquement a eu lieu depuis plus d’un mois déjà lorsque ce transport quitte Compiègne, mais les déportations se poursuivent, vidant progressivement ce centre majeur de détention en zone occupée.

 

Après ce départ, deux autres transports importants quittent le camp de Compiègne pour arriver en Allemagne. Dès lors, la composition de ce transport reflète ce contexte particulier : d’abord par le fait que les déportés ont été très majoritairement arrêtés dans les cinq mois qui précèdent le départ, c’est-à-dire au moment où la répression allemande s’amplifie face aux montées des actions armées ; et ensuite parce qu’il présente de nombreux cas d’arrestation différents, qui s’expliquent par le regroupement des détenus opéré à Compiègne, alors que les Allemands en ont encore le temps.

 

On retrouve donc ici, en dehors de quelques condamnés de droit commun, une majorité de résistants et de personnes arrêtées dans des rafles massives.

 

Beaucoup sont des membres de réseaux et de mouvements démantelés : ainsi, 10 membres des Corps-Francs Vengeance, arrêtés dans la région d’Evreux, en mai 1944 à la suite d’une dénonciation ; ou à Reims (Marne), le groupe local de Libération-Nord qui est démantelé à la suite de la distribution de journaux clandestins ; enfin, dernier exemple, le cas des prêtres et des séminaristes responsables de la diffusion des Cahiers du Témoignage chrétien qui sont arrêtés à Marseille en mars 1944. Léonel de Moustier, parlementaire qui a refusé de voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, résistant au sein de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), est arrêté en août 1943.

 

Par ailleurs, dans plusieurs départements, des maquisards sont arrêtés à l’issue de combats directs avec l’armée allemande. Ainsi, des membres du maquis de Châtenois, dans les Vosges, sont arrêtés en mai. Dans le Morbihan, les Allemands font prisonniers plusieurs groupes de jeunes réfractaires au STO qui avaient constitué des groupes armés.

 

Mais les autorités allemandes, aidées souvent par des membres de la Milice, procèdent également à des rafles de représailles contre la population qui aide la Résistance : un groupe important d’hommes de ce transport sont ainsi raflés le 24 juin dans le bourg de Murat (Cantal). La rafle a été organisée après un accrochage avec le maquis douze jours plus tôt. Au moins 130 personnes sont ainsi arrêtées et déportées dans ce transport. Les opérations peuvent parfois être moins massives : un groupe de 9 personnes, originaires des Côtes-du-Nord, est arrêté à Mael-Carhaix, à la suite de l’attaque d’un commando allemand contre un café où de jeunes résistants-maquisards avaient l’habitude de se réunir.

 

Toutefois, la composition de ce transport se distingue aussi par la présence de tout un groupe de 326 personnes que l’on peut qualifier de « personnalité otages », et que les Allemands nomment Prominenten. Pour la plupart, il s’agit d’hommes politiques (dont Albert Sarraut, ancien président du Conseil, qui sera transféré dans un autre camp, plusieurs anciens ministres, sénateurs, députés), d’officiers de l’armée, de fonctionnaires de tous grades, de magistrats, d’ecclésiastiques, de médecins, d’industriels et d’autres professions très diverses. Ils ont tous été arrêtés dans les jours qui suivent le débarquement allié en Normandie, alors qu’ils étaient surveillés depuis longtemps. Les Allemands pensaient-ils se servir de ces otages comme monnaie d’échange, ou bien craignaient-ils, comme le pense le général Brunet de « trouver [en eux] de futurs cadres pour la nouvelle organisation administrative, politique ou morale d’une France progressivement libérée ». Après avoir partagé le sort commun des autres déportés pendant le transport, ils sont immatriculés dans la même série et sont isolés dans deux Blocks avec leurs vêtements et leurs objets personnels. Ils sont exemptés de travail au camp et dans les Kommandos extérieurs et peuvent se réunir librement.

 

Si un certain nombre de déportés restent au KL Neuengamme jusqu’à l’évacuation en avril 1945, la majorité est affectée dans des Kommandos extérieurs. Ainsi, le 1er août, plus de la moitié de l’effectif d’un convoi de 800 hommes vers celui de Bremen-Farge est constituée d’hommes arrivés le 18 juillet au camp. Ce Kommando utilise la main-d’oeuvre concentrationnaire pour la construction de la grande base sous-marine « Valentin ». Au moins 120 autres déportés sont aussi envoyés dans un Kommando de la ville de Bremen-Osterort, où l’on construit un abri-bunker pour des sous-marins.

 

D’autres groupes, moins nombreux, sont envoyés en plus petit nombre à Kaltenkirchen pour y effectuer des travaux de terrassement et plus tard de déneigement sur une base aérienne de la Luftwaffe, et dans les Kommandos de Hambourg pour des travaux de déblaiement, de reconstruction et de creusement de fossés antichars (plus de 70 hommes).

 

Les transferts vers d’autres KL sont très peu nombreux. Ils concernent pour une partie, les prêtres et séminaristes, qui, le 22 décembre 1944, rejoignent le Block des prêtres au KL Dachau, dans un transport composé de plus de 30 personnes. Ils sont immatriculés dans la série des 136 000. Quelques déportés sont aussi transférés aux KL Sachsenhausen, Flossenbürg ou Buchenwald.

 

Les « personnalités-otages » connaissent un parcours spécifique puisqu’ils restent au camp central de Neuengamme avant d’être évacués vers Theresienstadt le 12 avril 1945, puis vers le camp de Brezani (ou Breschan) le 30 avril. Hormis 11 décès à déplorer parmi ce groupe, ils sont tous libérés le 8 mai 1945.

 

 

 

Thomas Fontaine, Gérard Fournier, Guillaume Quesnée.

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 - Fondation pour la Mémoire de la Déportation - © copyright 2004 - Editions Tirésias

 

 

 

 

Gérard Bocquery

Secrétaire général adjoint national de l'UNADIF-FNDIR

Président départemental de l'UNADIF-FNDIR de l'Oise    [  ADIF de l'OISE  ]

CONVOI DU 15 JUILLET 1944     COMPIEGNE - NEUENGAMME
CONVOI DU 15 JUILLET 1944     COMPIEGNE - NEUENGAMME
Partager cet article
Repost0
11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 04:00

 

L'INFO n° 1 453

 

 

 

2 juillet 1944    -    2 juillet 2O23

 

 

IL Y A TOUT JUSTE 79 ANS !

 

 

le convoi du 2 juillet 1944, convoi qui a pris le nom de "Train de la Mort"

 

 

Transport parti le 2 juillet 1944 de Compiègne et arrivé le 5 juillet 1944 au KL Dachau

 

 

Effectif recensé : 2 162 hommes

 

Matricules extrêmes : 76 418 - 78 047

 

 

 

Situations :

 

Décédés durant le transport : 530 (24,5 %)

 

Décédés et disparus en déportation : 574 (26,6 %)

 

Rentrés de déportation : 947 (43,8 %)

 

Situations non connues : 111 (5,1 %)

 

 

 

Ce transport est le cinquième parti de France à prendre la direction du KL Dachau depuis le débarquement de Normandie.

 

C’est aussi le plus important qui ait jamais quitté Compiègne. Il est resté tristement célèbre sous le nom de « Train de la mort » en raison du nombre élevé des décès survenus durant le voyage : 530 hommes au moins, recensés par la FMD, trouvent la mort à l’intérieur des wagons pendant les 4 jours de trajet.

 

Le dimanche 2 juillet 1944, vers 9 heures 15, le train n° 7909 s’ébranle sous une légère bruine de la gare de Compiègne en direction de l’Allemagne. Dans chacun des 22 wagons, les nazis ont entassé une centaine d’hommes. Avant Soissons, le soleil fait son apparition et la chaleur envahit rapidement les wagons, d’autant plus que le train roule lentement et observe des arrêts fréquents. A 11 heures 05, le sabotage de la voie l’oblige à stopper au niveau de Saint-Brice, quelques kilomètres avant Reims. Les dégâts sont peu importants et le transport reprend sa route après trois heures d’arrêt sous un soleil de plomb. Il s’immobilise ensuite une première fois en gare de Reims. La chaleur, le manque d’eau et l’asphyxie sont déjà à l’origine d’une centaine de décès. Le convoi repart vers 15 heures 10, mais, après un court trajet, un nouveau sabotage est à l’origine du déraillement de la locomotive au niveau de l’aiguillage du dépôt de Bétheny. Les wagons sont ramenés par un tracteur de manoeuvre à la gare de Reims, sur une voie de garage, où ils stationnent en plein soleil en attendant le relèvement de la locomotive. Les morts se succèdent pendant ce long arrêt alors que la chaleur est devenue suffocante. Des détenus médecins appellent les services sanitaires et les nazis entrouvrent quelques portes. Dans certains wagons, les hommes, poussés par la folie, s’entretuent.


Enfin, vers 20 heures, le train reprend sa route vers l’Est et roule toute la nuit.

 

Le 3 juillet, en fin de matinée, le transport s’arrête à Revigny, à quelques kilomètres au nord-ouest de Bar-le-Duc. Les cadavres de la veille commencent à se décomposer et les Allemands décident d’ouvrir les portes. Ils font descendre les survivants et en désignent quelques-uns pour enlever les corps et les transporter dans des voitures libérées à cet effet. Les agonisants sont achevés sur le ballast d’une balle dans la tête. D’autres détenus sont chargés du ravitaillement en eau, alors que la pluie tombe à torrent. Ces opérations terminées, les détenus sont regroupés dans les wagons, puis le n° 7909 quitte Revigny vers 15 heures. Les scènes de violence se poursuivent et le calme ne revient qu’en soirée, alors que le convoi franchit la Moselle et s’arrête vers 21 heures 50 en gare de Novéant, devenue gare-frontière depuis l’annexion de fait de l’Alsace-Moselle. Les Allemands comptent alors 450 cadavres dont la plus grande partie a péri lors de la première journée de trajet.

 

Le 4 au matin, le train quitte Novéant vers 7 heures 15 en direction de Sarrebourg où il s’immobilise en fin de matinée. Les portes s’ouvrent et des infirmières de la Croix-Rouge allemande s’avancent pour distribuer de la soupe et de l’eau. Mais, vers 15 heures 15, les Allemands interrompent brutalement le ravitaillement et ordonnent le départ. Le train rejoint Strasbourg par la trouée de Saverne, puis il s’enfonce en Allemagne en passant par Karlsruhe, Pforzheim, Stuttgart, Ulm, Burgau, Augsbourg et Munich. Après un dernier arrêt dans cette ville, il arrive à Dachau-gare le mercredi 5 juillet vers 15 heures. Une heure et demie plus tard, les survivants font leur entrée au KL Dachau alors que les corps sans vie sont retirés du train puis transportés directement au crématoire sans être enregistrés.

 

La FMD a recensé 1632 survivants immatriculés au KL Dachau le 5 et le 6 juillet 1944.

 

Ce transport s’inscrit dans le contexte particulier du début de la libération du territoire français par les troupes alliées. La répression allemande s’est amplifiée depuis plusieurs mois en raison du développement de la lutte armée contre l’occupant. Le démantèlement des groupes de résistance et les rafles de représailles sont à l’origine du plus grand nombre des arrestations.
Parmi les résistants de ce transport, on peut citer Claude Lamirault et Charles Serre, qui sont faits tous les deux Compagnons de la Libération après la guerre.
Le premier est le créateur du réseau « Jade Fitzroy », le second devient chef national du mouvement « Résistance » et rédacteur en chef de la feuille clandestine du même nom, après l’arrestation en octobre 1943 de Jacques Destrée, qui l’avait désigné comme son successeur. Il participe à Paris à la création du Mouvement de Libération Nationale (MLN).

 

Si des hommes de ce transport ont été arrêtés dès la fin de l’année 1940, en particulier des communistes ou des droit commun, le nombre des arrestations reste assez limité jusqu’au début de l’année 1944. Elles ont lieu dans de nombreuses régions, mais plusieurs se distinguent plus particulièrement : le Bassin Parisien, la Bretagne, le Val-de-Loire, le Centre, le Sud-Ouest et le Rhône-Alpes. Poussés par le temps, les Allemands décident de vider les prisons et regroupent ces hommes au camp de Compiègne-Royallieu, où ils ne séjournent que peu de temps avant d’être acheminés vers l’Allemagne :

98 % des déportés du « Train de la mort » ont été internés à Compiègne en mai et juin 1944.

 

Le transport du 2 juillet à destination du KL Dachau regroupe donc une majorité de résistants et de personnes prises au cours de rafles de représailles opérées par les Allemands. Parmi ces opérations, il faut citer celles menées par la division SS Das Reich lors de sa remontée vers la Normandie, en juin 1944.

 

Le 8, par exemple, elle lance une attaque contre le maquis de Gabaudet (Lot).
Le 9, elle opère une rafle massive parmi la population masculine de la ville de Tulle (Corrèze) : environ 200 hommes sont arrêtés et 99 sont pendus aux réverbères et aux balcons de la ville, alors que les autres sont conduits à Compiègne puis déportés en Allemagne. Le lendemain, elle agit de même à Masléon (Haute-Vienne).

 

Le centre du pays n’est pas le seul théâtre de la répression allemande. En février 1944, des rafles et des attaques contre le maquis sont à l’origine d’une quinzaine d’arrestations en Haute-Savoie. On peut aussi citer les 7 membres des réseaux Arc-en-Ciel et Turma-Vengeance arrêtés par la Gestapo dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, à Villers-Cotterêts et à Largny, dans l’Aisne. Le 9 juin 1944, une vingtaine d’hommes, membres de la Résistance ou déserteurs des Chantiers de Jeunesse, sont raflés en gare de Toulouse puis transférés à la prison Saint-Michel ou à la caserne Cafarelli, avant d’être conduits à Compiègne. Le 10 et 11 juin, 10 FFI du Corps Franc Liberté sont arrêtés à La Ferté -Saint-Aubin (Loiret), puis transférés à Orléans quelques jours avant leur départ pour Compiègne. Autant d’exemples qui pourraient être multipliés pour montrer l’intensité de la répression allemande sur l’ensemble du territoire français.

 

Par ailleurs, un groupe de 50 prisonniers de la centrale d’Eysses fait également partie du transport du 2 juillet 1944. L’échec de la mutinerie du 19 février 1944 conduit à l’évacuation totale de ses détenus vers le camp de Compiègne alors que les meneurs sont envoyés à la prison de Blois. La quasi-totalité des hommes arrivés à Compiègne le 3 juin 1944 quittent la France dans le transport du 18 juin 1944 à destination du KL Dachau. Les 36 détenus de Blois ainsi que leurs camarades restés à l’infirmerie du camp de Compiègne sont intégrés au transport suivant, celui du 2 juillet 1944. Il s’agit souvent de militants communistes ou de patriotes arrêtés dès 1940 ou 1941.

 

Au moment du départ pour l’Allemagne, les anciens d’Eysses parviennent à rester groupés (environ 30 dans un wagon, 20 dans un autre). Ils organisent la répartition des vivres et de l’eau, se préoccupent de l’hygiène, grâce notamment à l’autorité des deux médecins du groupe, Paul Weil et Stéphane Fuchs. Enfin, ils réussissent à imposer la discipline entre les déportés. Seuls 4 anciens d’Eysses décèdent lors de ce tragique transport. Par ailleurs, 13 autres trouvent la mort au cours de leur déportation : 3 à Flossenbürg, 3 à Hersbruck, 2 à Dachau, 1 à Buchenwald (après la libération du camp), 1 à Ohrdruf, 1 à Vaihingen, 1 dans la baie de Lübeck-Neustadt et 1 à Sandbostel (avant le rapatriement). La solidarité entre les Eyssois a sans nul doute joué et elle explique, en partie, une relative sous-mortalité à l’intérieur de ce groupe (un tiers de décès environ contre 51 % pour l’ensemble du transport).

 

Peu nombreux sont les déportés arrivés au KL Dachau le 5 juillet 1944 à rester au camp central. Après une période de quarantaine, ils sont pour le plus grand nombre affectés dans des Kommandos extérieurs. 463, au moins, sont dirigés sur des Kommandos de Natzweiler (Neckarelz et Neckargerach surtout, mais aussi Leonberg et Vaihingen). Pour la majorité, le transfert s’effectue le 22 juillet 1944 et ils reçoivent à leur arrivée, le 24, des matricules dans la série des « 21000 ». Au total, 142 trouvent la mort pendant leur déportation (30,7 %).

 

Par ailleurs, 223, au moins, quittent Dachau le 25 août 1944 pour le Kommando d’Hersbruck dépendant du KL Flossenbürg, où ils sont immatriculés des numéros 20 375 à 21 365. C’est parmi ce groupe que l’on relève le taux de décès le plus élevé puisque 183 meurent en déportation (82 %).

 

Enfin, 134, au moins, gagnent le Kommando d’Allach, à quelques kilomètres au sud du camp central, dans plusieurs transports semble-t-il, à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août 1944. Ce groupe est celui qui enregistre le moins de décès : 19 périssent durant leur déportation (14,2 %).

 

Au total, le taux de décès parmi les déportés immatriculés le 5 juillet 1944 au KL Dachau s’élève à 35,2 %.

 

 

 

 

Maurice Voutey et Arnaud Boulligny

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945

Fondation pour la mémoire de la déportation - © copyright 2004 - Editions Tirésias

 

Gérard BOCQUERY Secrétaire général adjoint national de l'UNADIF-FNDIR

Président départemental de l'UNADIF-FNDIR de l'Oise

 

 

.

CONVOI DU 2 JUILLET 1944      COMPIEGNE - DACHAU
Partager cet article
Repost0