L'INFO n° 1 451
25 juin 1943 - 25 juin 2O23
IL Y A TOUT JUSTE 8O ANS !
Transport parti de Compiègne le 25 juin 1943 et arrivé au KL Buchenwald le 27 juin 1943
Effectif recensé : 999 hommes
Matricules extrêmes : 13 979 – 14 940
Situations :
Evadés durant le transport : 34 (3,4 %)
Décédés et disparus en déportation : 387 (38,8 %)
Rentrés de déportation : 435 (43,5 %)
Situations non connues : 143 (14,3 %)
C’est le premier transport important parti de Compiègne qui soit parvenu à Buchenwald. Ce sera le cas des sept transports suivants, jusqu’à la fin de janvier 1944.
L’effectif total de ces huit transports est de 10 274 déportés, ce qui représente une proportion importante de l’ensemble de la déportation de répression. Cette situation n’est pas sans rapport avec l’importance prise alors par la production des fusées A4, les futurs V2. En effet, à chacun de ces transports, de très nombreux déportés sont transférés, d’abord à l’usine de Peenemünde, puis à Dora pour la construction de l’usine du Tunnel.
Au milieu de 1943, la mise en oeuvre du Service du Travail Obligatoire suscite l’hostilité de la jeunesse française. Certains refusent de partir et entrent dans la clandestinité, munis ou non de faux papiers, avec des risques d’arrestation dans des rafles. Dans certaines régions, des réfractaires se rendent dans des maquis, que les Allemands et la milice s’efforcent de réduire. D’autres, très nombreux, cherchent à franchir les Pyrénées pour gagner l’Afrique du Nord par l’Espagne. Les arrestations se multiplient le long de la frontière, en particulier dans les Basses-Pyrénées et les Pyrénées-Orientales.
De l’agitation – comme l’usage de la sonnette d’alarme – se produit dans des trains emmenant en Allemagne des jeunes qui ont répondu à leur convocation.
Homère Fonteneau, qui se trouve dans un tel train entre Poitiers et Paris le 17 juin 1943, fait partie d’une trentaine de jeunes qui sont alors arrêtés à l’arrivée et transférés à Compiègne.
Les activités anti-allemandes, et la répression, prennent des formes diverses : grève à Martigues dans une usine, manifestation à Lapalisse (Allier) devant la maison d’un collaborateur, distributions de tracts, etc. Les arrestations touchent de nombreux départements.
Au total, 999 déportés quittent Compiègne le 25 (ou peut-être le 26) et arrivent le 27 à la gare de Weimar. Il s’agit de 860 Français et de 139 étrangers, dont 62 Néerlandais, 43 Polonais et 19 Belges. 34 évasions se produisent avant Châlons-sur-Marne, ce qui provoque le transfert de certains prisonniers, déshabillés dont Homère Fonteneau, dans d’autres wagons. 5 des 34 évadés seront à nouveau arrêtés et déportés en 1943 ou 1944. 3 autres évadés (étrangers) sont ensuite repris et rejoignent leurs camarades à Buchenwald. A l’issue du voyage, les déportés doivent gagner Buchenwald à pied de la gare de Weimar.
En effet la ligne construite entre Weimar et Buchenwald par des détenus, qui a été inaugurée le 21 juin, n’a pas résisté. Elle ne sera en état qu’en décembre 1943.
Après la quarantaine, le 9 juillet, un transport de quelque 350 « 14 000 » est organisé en direction de Karlshagen, dans l’île d’Usedom, un Kommando dépendant du camp d’hommes de Ravensbrück. Ils sont en fait internés dans l’usine de fusées de Peenemünde, à l’instar des détenus de Sachsenhausen qui constituent déjà un Kommando à l’intérieur de l’usine Heinkel d’Oranienburg.
La base de Peenemünde ayant été bombardée dans la nuit du 17 au 18 août 1943, Hitler décide immédiatement que l’usine de fusées sera transférée dans un site souterrain et que seule une main-d’oeuvre concentrationnaire y travaillera en dehors du personnel allemand. Le site choisi est la colline du Kohnstein, au sud du Harz. Le camp de Dora – un nom de code – accueillera là les détenus travaillant à l’« usine du Tunnel ». Dans les premiers mois, il ne s’agira en fait que d’un chantier très meurtrier.
A la fin d’août 1943, un premier Kommando d’une centaine d’hommes arrive sur place de Buchenwald. Parmi eux se trouve un « 14 000 », Hessel Groeneveld, un médecin hollandais arrêté à Paris, qui jouera un rôle important au Revier de Dora. Au total, 116 déportés de la série des « 14 000 » vont directement de Buchenwald à Dora dans les semaines suivantes. D’un autre côté, les très nombreux survivants de Karlshagen reviennent à Buchenwald, y sont réimmatriculés, puis transférés à Dora en octobre. Ce groupe de déportés subit des pertes importantes, soit à Dora, soit dans les « camps de repos » de Lublin- Maÿdanek et de Bergen-Belsen où sont envoyés des convois de malades. L’un d’entre eux, Michel Fliecx, qui survivra jusqu’à la libération en avril 1945, a écrit sous le titre Pour délit d’espérance le récit de son parcours Buchenwald-Karlshagen-Buchenwald-Dora-Bergen-Belsen. C’est un témoignage essentiel.
Les nouveaux venus passés dans le « grand camp » de Buchenwald arrivent dans un milieu dont les Français ont été jusqu’alors pratiquement absents. L’administration interne du camp est assurée par des détenus « rouges », allemands, tchèques ou polonais, en majorité communistes, qui ne sont pas spontanément favorables à des Français très inexpérimentés sur le plan politique.
En dehors de ceux qui sont envoyés systématiquement à Dora, on identifie d’autres transports depuis Buchenwald, en particulier celui de détenus affectés aux ateliers DAW appartenant à la SS. On les envoie travailler à Lublin. De là, du fait d’évacuations successives, les survivants se sont retrouvés en majorité à Auschwitz, puis à Mauthausen. Tel est le parcours d’Homère Fonteneau.
Les autres membres du transport des « 14 000 » sont demeurés à Buchenwald et beaucoup ont été pris, à un moment ou un autre, dans un transport soit vers un Kommando de Buchenwald, soit vers un autre camp.
On ignore le sort de 91 des 139 étrangers arrivés le 27 juin 1943. Les situations non connues pour les Français portent sur 52 personnes, soit 6 % de l’effectif.
André Sellier
Cette page est extraite du Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 - Fondation pour la mémoire de la Déportation - Copyright 2004 - Editions Tirésias
Gérard BOCQUERY Secrétaire général adjoint national de l’UNADIF-FNDIR
Président départemental de l’UNADIF-FNDIR de l’Oise [ ADIF de l’OISE ]
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